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malgré les défenses, avait trouvé le moyen de s’échapper, nous revint bientôt plus mort que vif. À peine eut-il mis pied à terre avec la belle qu’il avait choisie, qu’il se vit entouré par une foule d’Indiens qui le déshabillèrent dans un instant, et le mirent nu de la tête aux pieds. Il se crut perdu mille fois, ne sachant où aboutiraient les exclamations de ce peuple, qui examinait en tumulte toutes les parties de son corps. Après l’avoir bien considéré, ils lui rendirent ses habits, remirent dans ses poches tout ce qu’ils en avaient tiré, et firent approcher la fille, en le pressant de contenter les désirs qui l’avaient amené à terre avec elle. Ce fut en vain. Il fallut que les insulaires ramenassent à bord le pauvre cuisinier, qui me dit que j’aurais beau le réprimander, je ne lui ferais jamais autant de peur qu’il venait d’en avoir à terre.

» On a vu les obstacles qu’il avait fallu vaincre pour parvenir à mouiller nos ancres. Lorsque nous fûmes amarrés, je descendis à terre avec plusieurs officiers, afin de reconnaître un lieu propre à faire de l’eau. Nous fûmes reçus par une foule d’hommes et de femmes qui ne se lassaient point de nous considérer : les plus hardis venaient nous toucher ; ils écartaient même nos vêtemens, comme pour vérifier si nous étions absolument faits comme eux : aucun ne portait d’armes, pas même de bâtons. Ils ne savaient comment exprimer leur joie pour nous recevoir. Le chef