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n’est pas pointue, mais seulement terminée par une pierre ronde, et ils ne s’en servent que pour tuer des oiseaux.

» Je n’ai vu aucune tortue pendant tout le temps que j’ai mouillé devant Taïti ; cependant lorsque j’en montrai aux habitans quelques petites, que j’avais apportées de l’île de la Reine Charlotte, ils me firent signe qu’ils en avaient de beaucoup plus grosses. Je regrettai la perte d’un bouc qui mourut bientôt après notre départ de San-Iago, sans que ni l’une ni l’autre des deux chèvres que nous avions fût pleine. Si le bouc avait encore été vivant, j’aurais débarqué ces trois animaux dans l’île, et si les chèvres étaient devenues pleines, je les y aurais laissées, et je crois qu’en peu d’années ils auraient peuplé Taïti d’animaux de leur espèce.

» Le climat de Taïti paraît excellent, et l’île est un des pays les plus sains et les plus agréables de la terre. Nous n’avons remarqué aucune maladie parmi les habitans. Les montagnes sont couvertes de bois, les vallées d’herbages, et l’air en général y est si pur, que malgré la chaleur notre viande s’y conservait deux jours, et le poisson un. Nous n’y trouvâmes ni grenouille, ni crapaud, ni scorpion, ni mille-pieds, ni serpent d’aucune espèce ; les fourmis y sont en très-petit nombre ; ce sont les seuls insectes incommodes que nous y ayons vus.

» La partie sud-est de l’île semble être mieux cultivée et plus peuplée que celle où nous débarquâmes ; chaque jour il en arrivait des