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blanc ; les Taïtiens assis sur le toit et dessous étaient vêtus de blanc et de rouge ; les deux hommes montés sur la proue de chaque pirogue étaient habillés tout en rouge. Nous allions quelquefois dans nos canots pour les examiner : quoique nous n’en approchassions jamais de plus d’un mille, nous les voyions pourtant avec nos lunettes aussi distinctement que si nous avions été au milieu d’eux.

» Ils fendent un arbre dans la direction de ses fibres, en planches aussi minces qu’il leur est possible ; et c’est de ces morceaux de bois qu’ils construisent leurs pirogues : ils abattent d’abord l’arbre avec une hache faite d’une espèce de pierre dure et verdâtre, à laquelle ils adaptent un manche fort adroitement. Ils coupent ensuite le tronc suivant la longueur dont ils veulent en tirer des planches. Voici comment ils s’y prennent pour cette opération : ils brûlent un des bouts, jusqu’à ce qu’il commence à éclater, et ils le fendent ensuite avec des coins d’un bois dur. Quelques-unes de ces planches ont deux pieds de largeur et quinze à vingt de long. Ils en aplanissent les côtés avec de petites haches qui sont également de pierre ; six ou huit hommes travaillent quelquefois sur la même planche. Comme leurs instrumens sont bientôt émoussés, chaque ouvrier a près de lui une écale de coco remplie d’eau, et une pierre polie sur laquelle il aiguise sa hache presque à toutes les minutes. Ces planches ont ordinairement l’épaisseur d’un pouce ; ils en construi-