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sont les femmes surtout qui portent les perles. J’en ai acheté environ deux douzaines de petites ; elles sont d’une couleur assez brillante ; mais elles sont toutes écaillées par les trous qu’on y a faits. M. Furneaux en vit plusieurs dans son excursion dans l’ouest de l’île ; mais il ne put en acheter aucune, quelque prix qu’il en offrit. Je remarquai que c’est ici un usage universel parmi les hommes et les femmes de se peindre les fesses et le derrière des cuisses avec des lignes noires très-serrées , et qui représentent différentes figures ; ils se piquent la peau avec la dent d’un instrument assez ressemblant à un peigne, et ils mettent dans les trous une espèce de pâte composée d’huile et de suie qui laisse une tache ineffaçable. Les petits garçons et les petites filles au-dessous de douze ans ne portent point ces marques ; nous vîmes quelques hommes dont les jambes étaient peintes en échiquier, de la même manière, et il nous parut qu’ils avaient un rang distingué et une autorité sur les insulaires. Un des principaux suivans de la reine nous sembla beaucoup plus disposé que le reste des Taïtiens à imiter nos manières ; et nos gens, dont il devint bientôt l’ami, lui donnèrent le nom de Jonathan. M. Furneaux le revêtit d’un habit complet à l’anglaise, qui lui allait très-bien. Nos officiers étaient toujours portés à terre, parce qu’il y avait un banc de sable à l’endroit où nous débarquions. Jonathan, fier de sa nouvelle parure, se faisait aussi porter par quelques-uns de