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manger. Sa suite mangea de fort bon appétit tout ce qu’on lui servit, mais on ne put lui faire boire que de l’eau pure.

» Le soir nos gens revinrent de leur expédition, et parurent au rivage ; alors je renvoyai la reine et sa suite : en partant, elle me demanda par signes si je persistais toujours dans ma résolution de laisser l’île au temps que j’avais fixé ; et lorsque je lui eus fait entendre qu’il m’était impossible de demeurer plus long-temps, elle exprima sa douleur par un torrent de larmes, et demeura quelque temps sans pouvoir proférer une parole ; quand elle fut un peu apaisée, elle me dit qu’elle voulait revenir au vaisseau le lendemain : j’y consentis, et nous nous séparâmes.

» Après que le contre-maitre fut revenu à bord, il me donna par écrit le détail suivant de son expédition.

» À quatre heures du matin, disait-il, je débarquai avec mon détachement composé de quatre midshipmen, un sergent, douze soldats de marine et vingt-quatre matelots, tous armés ; nous étions accompagnés de quatre hommes qui portaient des haches et d’autres marchandises dont nous voulions trafiquer avec les naturels, et de quatre autres chargés de munitions et de provisions. Chaque homme avait reçu sa ration d’eau-de-vie du jour, et j’en avais en outre deux petits barils que je devais distribuer lorsque je le jugerais à propos.

» Dès que je fus à terre, j’appelai notre