Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à déjeuner à bord du vaisseau, un des Indiens les plus considérables de sa suite, que nous crûmes être un prêtre, voyant le chirurgien remplir la théière en tournant le robinet de la bouilloire qui était sur la table, après avoir remarqué ce qu’on venait de faire, avec une grande curiosité et beaucoup d’attention, tourna le robinet, et reçut l’eau sur sa main : aussitôt qu’il se sentit brûlé, il poussa des cris et commença à danser tout autour de la chambre avec les marques les plus extravagantes de la douleur et de l’étonnement. Les autres Indiens ne pouvant concevoir ce qui lui était arrivé, demeurèrent les yeux fixés sur lui avec une surprise mêlée de quelque terreur. Le chirurgien, cause innocente du mal, y appliqua un remède, mais il se passa quelque temps avant que le pauvre homme fût soulagé.

» Le 16 M. Furneaux tomba très-malade ; ce qui me fit beaucoup de peine, parce que mon premier lieutenant n’était pas encore rétabli, et que j’étais moi-même encore d’une grande faiblesse. Je fus encore obligé ce jour-là de punir Proctor, le caporal des soldats de marine, pour sa mutinerie. La reine avait été absente depuis plusieurs jours ; mais les naturels nous firent entendre qu’elle serait de retour le lendemain.

» Le 17 elle vint en effet sur le rivage, et bientôt après un grand nombre de gens, que nous n’avions jamais vus auparavant, apportèrent au marché des provisions de toute es-