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dressa une tente pour les défendre du soleil et de la pluie, et le chirurgien fut chargé de veiller à leur conduite. Après avoir établi ses malades dans leur tente, comme il se promenait avec son fusil, un canard sauvage passa au-dessus de sa tête ; il le tira, et l’oiseau tomba mort auprès de quelques Indiens qui étaient de l’autre côté de la rivière. Ils furent saisis d’une terreur panique, et s’enfuirent tous. Quand ils furent à quelque distance, ils s’arrêtèrent ; il leur fit signe de lui rapporter le canard. Un d’eux s’y hasarda, non sans la plus grande crainte, et le vint mettre à ses pieds. Une volée d’autres canards passa, le chirurgien tira de nouveau et en tua heureusement trois. Cet événement donna aux insulaires une telle crainte d’une arme à feu, que mille se seraient enfuis comme un troupeau de moutons à la vue d’un fusil tourné contre eux. Il est probable que la facilité avec laquelle nous les tînmes depuis en respect, et leur conduite régulière dans le commerce, furent en grande partie dues à ce qu’ils avaient vu dans cette occasion des effets de cet instrument meurtrier.

» Comme je prévoyais qu’un commerce particulier s’établirait bientôt entre ceux de nos gens qui seraient à terre et les naturels du pays, et qu’en les abandonnant à eux-mêmes sur cet article, il pourrait s’élever beaucoup de querelles et de désordres, j’ordonnai que tout le commerce se ferait par l’intermédiaire