Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Les officiers qui commandaient les canots m’annoncèrent que le fond était bon à un quart de mille de la côte ; mais que l’on éprouvait une forte houle près de l’endroit où coulait le ruisseau. Les Indiens étaient venus en foule sur le rivage ; plusieurs s’étaient approchés de la chaloupe avec des fruits et des bambous pleins d’eau ; ils les avaient pressés jusqu’à l’importunité de descendre à terre, notamment les femmes, qui, se mettant absolument nues, s’efforçaient de les attirer par des gestes très-significatifs. Jusque-là nos matelots avaient résisté à la tentation. Sur ces entrefaites, des pirogues continuaient à se tenir près du vaisseau ; mais les Indiens avaient commis tant de vols, que je défendis d’en recevoir aucun à bord.

» Les canots que j’avais envoyés à terre avec plusieurs pièces à l’eau n’en rapportèrent que deux, que les Indiens avaient remplies ; mais, pour se payer de leur peine, ils avaient retenu les autres. Nos gens, qui ne voulaient pas quitter leurs embarcations, usèrent de tous les moyens possibles pour engager les Indiens à les leur rendre ; ce fut inutile. Les Indiens de leur côté, les pressaient fortement de venir à terre. Plusieurs milliers de naturels, hommes, femmes et enfans, étaient sur le rivage quand les canots s’en éloignèrent.

Le 22 je renvoyai les canots faire de l’eau ; ils portaient des clous, des haches, et d’autres objets que je crus les plus propres à nous ga-