Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doctrine que les personnes d’ancienne connaissance.

Ils célébrèrent cette année plusieurs fêtes chrétiennes, nouvelles pour le Groënland, entre autres celle de l’Épiphanie, de la Purification, de l’Annonciation ; mais toutes sous le nom de Jésus, et non sous celui de la Vierge, appelant la seconde de ces fêtes la Présentation de Jésus, et la troisième l’Humanité de Jésus. Peu de jours après, ils célébrèrent sa Passion et tous les autres mystères avec une partie des cérémonies touchantes que le clergé luthérien a retenues des rites de l’église romaine. Elles firent beaucoup d’impression sur les Groënlandais, soit baptisés, soit catéchumènes, soit même inconvertis. Les larmes des chrétiens attiraient celles des païens ; le chant et le sermon de la Passion faisaient également pleurer l’orateur, les ministres et l’assemblée. Tel est le pouvoir de l’harmonie, de l’éloquence, des représentations et de tout ce qui parle aux sens ; si l’on n’aime mieux attribuer à la grâce la conversion des idolâtres au luthéranisme.

Toutes ces impressions de piété furent détruites ou balancées par des chrétiens mêmes ; c’étaient des matelots hollandais qui étaient venus à la prédication. S’ils furent fort édifiés d’y voir une si nombreuse assemblée de Groënlandais, ils ne leur donnèrent pas lieu de se féliciter de leur abord. Ces Européens étaient de l’équipage d’une flotte de quatorze vaisseaux