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teaux groënlandais pour charger leur tourbes. Ils achetèrent aussi du bois et des œufs d’oiseaux. Les œufs font leur principale nourriture en été.

» Le 3 juillet on acheva la provision de tourbe. C’est un travail fatigant, et souvent aussi dangereux que celui de décharger les bateaux, et de transporter cette terre le long des rochers, où l’on est quelquefois surpris par des torrens de neige fondue qui grossissent tout à coup. Les frères avaient fait venir vingt bateaux de tourbe. Il leur fallut ensuite l’étaler sur les rochers pour la faire sécher.

» Le 4 j’allai par curiosité voir les sauvages du Groënland pour m’instruire et parler de leurs mœurs en témoin oculaire. Nous passâmes la nuit dans une de leurs tentes. Elles sont incomparablement mieux entendues et plus commodes que celles qu’on trouve dans les bois de la Pensylvanie.

» Le 11 j’allai à Kanneisut, de l’autre côté de Bals-Fiord, c’est-à-dire sur la presqu’île septentrionale de ce golfe. Cette langue de terre est surmontée de tertres rocailleux, qui ont pour bases d’assez grandes plaines, coupées de ruisseaux et d’étangs bordés de gazon. C’est une perspective charmante dans l’été, qui formerait un séjour très-agréable, si toutes ces eaux ne produisaient pas des essaims de moustiques ou moucherons beaucoup plus insupportables que ceux de Saint-Thomé en Afrique, et de la rivière Delaware, dans le New-Jersey. C’était