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pour attraper des oiseaux, de petits poissons et quelques phoques. Mais les uns revinrent sans rien prendre, chassés et rebutés par le mauvais temps ; les autres restèrent emprisonnés dans les îles de glaces et les tempêtes.

Telle était la situation d’où sortaient les Groënlandais quand l’évêque Watteville arriva chez eux. Ce prélat, qui venait de visiter les congrégations de la Pensylvanie, trouva des rapports entre les habitans du Groënland et ceux de l’Amérique septentrionale. « C’est la même couleur, dit-il ; si les Groënlandais viennent de l’Amérique, ce doit être par la baie d’Hudson. Ils ressemblent plus aux Indiens de ces bords qu’à ceux du Canada. Le caractère des Groënlandais est flegmatique et sanguin, celui de l’Iroquois mélancolique et colère, plus grave et moins enfant que les Groënlandais.

» Le 14 juin, poursuit l’évêque, je visitai le paysage de Neu-Herrnhut. Rien de plus sauvage au premier aspect ; des rochers escarpés et rompus, rarement parsemés de quelques couches ou veines d’une terre qui n’est que du sable. Au milieu de cette horrible perspective s’élève une maison commode et riante, ornée d’un jardin, environnée de culture, et jouissant du plus beau feuillage sur un roc où l’herbe n’avait jamais percé. C’est le jardin du Seigneur planté dans le désert.

» Le 22, je vis l’exercice des kaiaks, où la jeunesse du Groënland fait les évolutions les