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hut, et fit entendre à sa congrégation que les nègres étaient trop surchargés d’occupations pour avoir le loisir d’assister à des instructions, et qu’un prédicateur ne pouvait espérer de les convertir, à moins qu’il ne fût esclave lui-même, et qu’en partageant leurs corvées, il ne profitât des heures du travail pour leur parler de religion. Peu de temps après, deux frères moraves écrivirent à la congrégation qu’ils se vendraient, s’il le fallait, et se feraient esclaves pour racheter les âmes des nègres. Mais les vœux d’une ferveur qui surpassait peut-être les forces humaines ne furent exaucés qu’après avoir été éprouvés par le temps.

Dans ces circonstances, on parlait beaucoup à Copenhague des mauvais succès du commerce des missions du Groënland. Le comte de Zinzendorf avait vu dans la capitale du Danemarck deux Groënlandais baptisés. Il venait d’envoyer, en 1732, de ses compagnons en Afrique ; il s’en offrit trois autres à lui pour aller au secours d’Égède, qui soutenait seul contre les obstacles réunis de la nature et de la fortune l’entreprise de la conversion du Groënland, qu’il avait seul formée et commencée.

La congrégation des herrnhuters était composée de pauvres réfugiés qui passaient de la Moravie en Lusace avec toute leur fortune sur le dos, c’est-à-dire leurs habits. Les trois missionnaires destinés au Groënland s’embarquèrent en cet équipage pour Copenhague au mois de janvier 1733. Là se multiplièrent devant