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nhut en trois semaines, avec les deux missionnaires et les trois Groënlandais. « Quand on connaît, dit Crantz, la simplicité des sauvages et la dépravation des chrétiens, on doit regarder comme un miracle que ces trois personnes n’aient pas été perverties dans un voyage de deux ans. » Mais les mauvaises impressions que ces étrangers avaient reçues en Europe s’effacèrent si vite de leur imagination, qu’ils coopérèrent même de leurs travaux et de leurs soins aux progrès de l’Évangile. La sœur Judith, en particulier, profita de tout ce qu’elle avait vu à Herrnhut en Lusace pour former au Groënland des institutions utiles à son sexe. Elle proposa à toutes les filles nubiles, et aux servantes qui n’étaient pas mariées de venir habiter avec elle dans une maison séparée, ou du moins de s’y rassembler le soir, après avoir fait leur tâche dans leur famille. Elles passent ainsi la nuit dans un dortoir commun. Cette séparation les met à l’abri de voir et d’entendre des choses qui, dans des maisons faites et disposées comme le sont celles des Groënlandais, peuvent occasioner des désirs ou des actions souvent peu conformes à la morale du christianisme, et surtout à la régularité du herrnhutisme.

C’est ainsi que l’arbre et le sauvageon croissaient et fleurissaient ensemble par tous les moyens que fournit un zèle actif et industrieux. Tantôt on mariait un missionnaire avec une sœur du herrnhutisme pour travailler