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semblaient inaccessibles à l’avarice. L’or avait attiré les vaisseaux des rois et des marchands dans toutes les régions du Nouveau-Monde, où le soleil fait germer les métaux précieux et les diamans sous ses pas : le christianisme a conduit les Européens dans les forêts du Canada. Le commerce des Anglais s’est étendu le long des côtes de la mer qui baigne l’Amérique septentrionale ; mais ce sont des missionnaires catholiques qui ont parcouru les deux bords du fleuve Saint-Laurent, presque jusqu’à sa source, et visité les lacs et les pays, plutôt infestés qu’habités par des sauvages intraitables : ce sont des missionnaires jésuites qui ont découvert la Californie et défriché le Paraguay ; enfin des missionnaires luthériens ont fait retrouver les traces effacées du Groënland ; ils remplacent d’anciennes colonies perdues par de nouvelles qui seront plus utiles et plus durables. Ceux qu’on y voit établis aujourd’hui sont de cette institution singulière d’hommes de tous les états, la plupart laïques et gens sans lettres qui se réunirent en une espèce de congrégation religieuse sous la direction du comte de Zinzendorf. Ce seigneur allemand, à qui son enthousiasme fit une réputation fort étendue, mais équivoque, échauffé dans sa jeunesse par la lecture de la Bible, et surtout des prophètes, communiqua son esprit, eut des prosélytes, et leur bâtit en 1722 une maison à Berthelsdorff, dans la Haute-Lusace. Comme ce lieu s’appelait Herrnhut (la Garde du Sei-