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donnaient en échange, après l’avoir montré à la même distance. Deux vinrent à bord ; on leur offrit à boire et à manger ; mais ils ne pensaient qu’à voler tout ce qui se présentait à leurs yeux. Un d’entre eux, voyant une épée entre les mains d’un Hollandais, ne fit pas difficulté de la lui arracher ; et, s’étant jeté dans les flots, il eut le bonheur d’échapper en plongeant. On tira néanmoins plusieurs coups sur ce larron et sur plusieurs autres qui emportèrent aussi divers instrumens ; mais ils faisaient tant de chemin sous l’eau qu’ils y étaient à couvert des coups. Ceux qui n’avaient point encore eu l’occasion d’exercer leur adresse demeuraient tranquilles, comme s’ils avaient ignoré tout ce qui se passait à leur vue. On les aurait pris pour des animaux amphibies qui pouvaient vivre également sur la terre et dans l’eau. Noort fit jeter devant eux cinq morceaux de fer à la mer pour se donner le plaisir de les voir plonger librement ; ils les retirèrent en si peu de temps qu’on ne pouvait leur refuser de l’admiration. Leurs pirogues excitèrent l’étonnement des Hollandais. Il vint plusieurs femmes à bord ; elles étaient nues comme les hommes, à l’exception du milieu du corps, qu’elles se couvrent d’une simple feuille. Leur taille est plus haute et mieux fournie que celle des Européens ; mais la plupart ont le visage difforme. Quelques-uns avaient le nez défiguré par des maladies honteuses ; du moins c’est ce qu’ils faisaient entendre eux-mêmes par leurs signes ;