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vier à la petite île aux Pingoins. Pendant qu’on s’occupait de faire la provision, un terrible coup de mer brisa presque entièrement l’unique canot qui restait, laissant tous les gens de l’équipage (car il n’y avait que trois mousses à la garde du vaisseau) dans la crainte de finir leurs jours sur cette île déserte. Cependant, à force de travail, on vint à bout de réparer le canot. En chassant, on trouva dans un des creux des pingoins une femme qui s’y tenait cachée : Olivier de Noort était descendu dans cette île ; et quelques sauvages qui s’y trouvaient alors ayant tué deux de ses gens, il les avait exterminés tous, à la réserve de cette femme, qui s’était apparemment dérobée, mais qui avait reçu néanmoins quelques blessures dont elle faisait voir les cicatrices. Elle avait le visage peint, et sur le corps une espèce de manteau de peau de bêtes et d’oiseaux, cousu avec assez d’art, qui lui descendait jusqu’aux genoux ; à la ceinture elle portait une autre peau qui lui couvrait les cuisses. Sa taille était grande, et ses forces paraissaient proportionnées : elle avait les cheveux coupés assez courts, au lieu qu’au nord comme au sud les hommes les portent fort longs. De Weert offrit un couteau à cette femme, qui l’accepta d’un air satisfait, et qui lui fit entendre, par reconnaissance, qu’il trouverait beaucoup plus d’oiseaux dans la plus grande des deux îles. On la laissa dans le lieu où elle était, quoiqu’elle parût souhaiter d’être transportée au continent.