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tenait entre ses bras, avait la bouche à sa mamelle. On la retint deux jours à bord. De Weert la fit reconduire au rivage, après lui avoir fait mettre une robe qui avait des demi-manches et qui lui descendait aux genoux, avec un bonnet sur la tête et quelques grains de verroterie autour des bras et du cou. Il lui fit aussi présent d’un petit miroir, d’un couteau, d’un clou et d’une alène, dont elle parut fort satisfaite. On vêtit le plus jeune de ses enfans d’une robe verte, avec quelques grains de verre ; l’autre fut retenu et conduit en Hollande. Cette séparation parut chagriner la mère ; cependant elle descendit volontairement dans la chaloupe, sans faire aucun effort pour emmener sa fille.

Le 16 décembre, de Weert éprouva une joie bien vive en voyant une chaloupe qui naviguait vers son bâtiment ; il crut que c’était celle d’un des vaisseaux de la flotte. Sa surprise fut encore plus grande en apprenant qu’elle appartenait à celle de l’amiral Olivier de Noort qui venait de Hollande, et qu’il ne tarda pas à voir arriver. Il aurait bien voulu faire route vers le grand Océan avec ces nouveaux venus ; mais le mauvais état de son vaisseau ne le lui permit pas. De Noort ne put lui donner une provision de biscuit, dont il craignait de manquer lui-même. Alors de Weert le quitta et s’avança vers l’île aux Pingoins pour faire une provision de ces oiseaux, sans laquelle il aurait dû s’attendre à périr de faim sur la route. Il arriva le 12 jan-