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le temps plus beau. Les matelots n’eurent jamais le loisir de se sécher, quoiqu’ils eussent du feu jour et nuit ; ils ne purent même trouver l’occasion d’ôter les voiles des vergues ; car, toutes les fois qu’ils les étendirent pour les faire sécher, parce que le temps semblait le permettre, il ne durait jamais assez pour qu’elles ne fussent plus mouillées.

Un jour qu’ils étaient à chercher des vivres, ils découvrirent trois canots conduits par des sauvages, qui, ayant découvert la chaloupe, sautèrent à terre, et grimpèrent comme des singes sur les montagnes. On ne trouva dans les canots que, de jeunes pingoins, des harpons de bois, de petites peaux de bêtes sauvages, et d’autres bagatelles ; mais les Hollandais aperçurent au pied d’une montagne voisine une femme avec deux petits enfans, laquelle faisait tous ses efforts pour se sauver. Elle fut prise et conduite à bord, sans qu’on remarquât sur son visage aucun air de tristesse ou d’émotion. Sa taille était médiocre, et sa couleur rousse. Elle avait le ventre pendant, l’air farouche, les cheveux courts et qui paraissaient coupés jusqu’aux oreilles. Pour ornement, elle portait au cou des coquilles de limaçons, et par derrière une peau de phoque qui lui couvrait les épaules, et qui était attachée sous sa gorge avec des cordes de boyaux. Le reste de son corps était nu. Les mamelles lui pendaient comme des pis de vache ; elle avait la bouche grande, les jambes tortues, et les talons fort