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jeter les fondemens du commerce que sa nation a depuis établi au Japon.

Beuningen partit donc au bout de cinq ans, et alla aux Moluques, où il trouva une flotte hollandaise. Il y obtint le commandement d’un navire, mais peu de temps après il fut tué près de Malacca, dans un combat naval contre les Portugais.

Sebald de Weert revint seul en Hollande. Sa douleur fut extrême quand, après la tempête, la brume s’étant dissipée, il se vit seul séparé du reste de la flotte. La mer continuait à être furieuse ; un vent violent d’ouest empêchait d’avancer vers l’embouchure du détroit. Les matelots mouraient de faim, non qu’ils n’eussent une ration de vivres suffisante, mais parce qu’à force de s’être accoutumés à manger des coquillages, leur estomac ne pouvait se contenter de peu.

Il fallut donc retourner chercher une rade dans le détroit, en attendant l’approche de l’été. Ils la trouvèrent le 1er. d’octobre dans une baie, à sept lieues de l’embouchure qu’ils nommèrent baie des Soucis, parce qu’ils y passèrent vingt-un jours dans un chagrin et une peine extrêmes, étant obligés d’aller à terre incessamment pour y chercher d’assez mauvaise nourriture, qui, à l’exception de quelques oiseaux, n’était que de moules et de limaçons qu’ils trouvaient collés contre les rochers. Cependant l’approche des longs jours, et le renouvellement de la saison, ne rendaient pas