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fut pas de cet avis. À la nuit on perdit de vue la frégate. Quiros l’attendit jusqu’au lendemain au soir ; mais l’impatience gagnait les soldats. Il n’était pas temps, selon eux, de s’amuser à attendre les autres lorsque l’on courait risque de se perdre soi-même.

Le 23 on eut connaissance d’une île vers laquelle on gouverna, dans l’espérance d’y trouver un port et des provisions. La nuit tombait, Quiros, craignant les écueils, ordonna de virer de bord ; on exécutait mal ses ordres, on lui adressait des représentations ; alors il se chargea lui-même de manœuvrer, et, prenant la barre du gouvernail, fit prendre une autre route au vaisseau. On reconnut au jour qu’il l’avait sauvé ; car même alors on ne put aborder à l’île à cause des nombreux écueils dont elle est entourée. Elle est habitée, et située par nord ; sa forme est presque ronde, et son circuit de trente lieues. Elle n’est pas très-haute. À trois lieues à l’ouest on vit quatre îles rases , ainsi que d’autres qui en sont voisines, et qui toutes sont entourées de récifs.

On voyait les Indiens sortir d’entre ces îles dans leurs canots. Ne pouvant passer par-dessus les récifs, ils sautaient dessus, et faisaient des gestes aux Espagnols pour les appeler. Sur le soir un Indien sortit du milieu des écueils, seul dans un canot. Il était trop loin pour que l’on put voir s’il avait de la barbe, car on était dans le parage des îles des Barbus. Il parut être de bonne taille, nu, ayant les cheveux longs