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Ils furent quelque temps irrésolus ; mais tout à coup, poussant un grand cri, ils firent voler sur les vaisseaux une nuée de flèches qui ne blessèrent personne. Les Espagnols étaient prêts à tirer ; ils firent feu. À cette première décharge, un Indien tomba raide mort, plusieurs furent blessés, et les autres, jetant leurs armes, saisirent leurs pagaies, et ramèrent vers le rivage avec précipitation et dans le plus grand désordre.

Les vaisseaux laissèrent tomber l’ancre à l’entrée d’une baie où quelques rochers leur procuraient une espèce d’abri ; le fond était de mauvaise tenue ; la capitane chassa sur ses ancres et faillit à se briser sur les écueils. Grâce à la présence d’esprit et à l’activité de Mendaña, elle échappa au danger. Le lendemain, au point du jour, il s’embarqua sur la flotte et trouva un petit port à l’abri du vent de sud-est. Les Espagnols, ayant voulu descendre à terre, furent si mal reçus par les habitans, qu’après les avoir dispersés ils se rembarquèrent. On tint la mer toute la nuit. Le jour suivant Mendaña trouva un meilleur port à l’abri de tous les vents. Il y mouilla près d’une bourgade où toute la nuit on entendit les divertissemens des Indiens qui dansaient au son du tambour et de quelques autres instrumens.

Les Indiens accoururent pour voir le vaisseau ; la plupart avaient la tête et les narines parées de fleurs rouges. Quelques-uns se laissèrent persuader de monter à bord de la ca-