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plus grandes et accouplées, sont employées dans les trajets d’une île à l’autre et pour faire la guerre. Ils ont pour armes des arcs, des flèches, des sabres d’un bois très-dur et très-pesant, des lances et des frondes. Leurs flèches sont empennées et faites de roseau, armées d’une longue pointe d’os ou de bois durci au feu. Ces pointes, toujours très-aigues, sont quelquefois carrées et garnies sur les angles de petites pointes couchées en arrière pour rendre la blessure plus dangereuse. Ces sauvages avaient en bandoulière des havresacs de feuilles de palmier fort bien travaillés, et remplis d’une espèce de biscuit fait d’une racine dont ils se nourrissent.

Mendaña, en les voyant, crut reconnaître les habitans des îles Salomon, et pensa qu’il avait enfin retrouvé cet archipel ; mais, en leur adressant la parole dans la langue qu’il avait apprise dans son premier voyage, il ne put ni les comprendre ni s’en faire entendre. Les insulaires considéraient les vaisseaux d’un air de surprise. On ne put les engager à monter à bord. Les pirogues, après avoir tourné quelque temps autour des vaisseaux, se réunirent pour tenir conseil. Le résultat de cette conférence fut de se préparer au combat. Un vieillard, qui semblait être leur chef, les animait de la voix et du geste. À l’instant on les vit saisir leurs arcs et leurs flèches ; le vieillard était l’âme de tous leurs mouvemens ; ses ordres passaient rapidement à toutes les pirogues.