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patriotes. Sa famille, attirée par ses discours, vint au nombre de neuf personnes se loger, avec sa tente et son bagage, auprès des missionnaires. Deux autres familier suivirent de près celle-là. Il y eut encore des Groënlandais qui vinrent passer l’hiver avec Kaiarnak ; mais au printemps, ils allèrent à la chasse des rennes, promettant de revenir l’hiver suivant. Ils revinrent en effet, mais aussi sauvages que les bêtes qu’ils avaient poursuivies, toujours prêts à déserter. Kaiarnak resta seul fidèle aux bons frères, abandonné lui-même de ses parens. Ceux-ci, voyant qu’il ne voulait pas les suivre, emportèrent la tente et le bateau de la famille ; mais il aima mieux se voir dépouillé trois fois de tous ses effets par les sauvages que de retourner vivre avec eux. Après avoir essuyé bien des persécutions, des railleries et des mépris, il fit à son tour des prosélytes, et quelques-uns de ses proches et de ses amis vinrent prier les frères de leur accorder un emplacement dans leur voisinage, et de les aider à y bâtir une maison.

Dès le commencement d’octobre, quand la neige et la gelée ramenèrent les Groënlandais de leurs tentes amovibles dans les habitations fixes de l’hiver, environ vingt personnes allèrent se loger dans deux maisons, qui furent construites près de la mission. Dès lors les frères commencèrent à élever une petite école de catéchisme pour cinq enfans, à qui ils enseignèrent à lire, non sans beaucoup de peine.