Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le mestre de camp Manrique, montrant aux Indiens des pièces à eau, leur fit signe de les remplir ; ils répondirent par d’autres signes aux Espagnols de se charger eux-mêmes de ce travail ; puis ils prirent quatre de ces barriques et les emportèrent en s’enfuyant, ce qui obligea de tirer sur eux.

Le 28 Mendaña vint à terre avec sa femme pour entendre la messe. Un grand nombre d’Indiens y assistèrent paisiblement à genoux, gardant le plus profond silence, et imitant tous les mouvemens des Espagnols. Une très-jolie Indienne s’assit auprès de dona Isabel ; la chevelure blonde de cette dame fixait particulièrement ses regards : elle lui fit signe d’en couper une boucle et de la lui donner ; mais voyant qu’Isabel avait l’air de la craindre et se reculait, elle se retira pour ne pas lui déplaire.

Mendaña visita les environs du port, examina les productions du pays, fit bêcher un terrain où l’on sema du maïs devant les insulaires ; et après s’être entretenu familièrement avec eux, il revint à bord, laissant à terre Manrique avec un détachement.

Il avait à peine quitté le rivage, que les soldats espagnols, par leur conduite imprudente, irritèrent les insulaires. Ceux-ci, indignés de l’insolence de ces étrangers qu’ils avaient reçus avec tant d’amitié, firent pleuvoir sur eux une grêle de traits et de pierres ; il n’y eut pourtant qu’un soldat de blessé à la jambe. Après