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morceau d’étoffe blanche. Ils criaient de toutes leurs forces, comme pour faire approcher les vaisseaux du village, que ce vieillard montrait avec son grand chapeau. Le commandant l’aurait bien voulu ; mais la houle brisait avec trop de force pour débarquer commodément ; d’ailleurs le port était à l’est, et il eût été difficile d’en sortir, parce que le vent qui soufflait constamment de ce côté était très-frais. La frégate rapporta qu’un Indien qui était venu à bord avait montré une force extraordinaire, en soulevant un veau par les oreilles. En même temps quatre insulaires de bonne mine montèrent sur la capitane. Après y être restés quelques instans, l’un d’eux se saisit d’une petite chienne, et, poussant un cri, tous les quatre sautèrent à la mer, et nagèrent avec l’animal pour gagner leurs pirogues.

Le lendemain, 25 juillet, Mendaña fit sa descente sur l’île Sainte-Christine, en bon ordre et au son du tambour. Il marcha ainsi jusqu’à un village, où, voyant les Indiens paisibles, il fit halte et les appela. Ils étaient à peu près trois cents qui tournaient autour de sa troupe. Pour que leur nombre n’incommodât pas les Espagnols, Mendaña fit tracer une ligne à terre, en indiquant aux insulaires de ne pas la passer. Ceux-ci comprirent les signes ; ils apportèrent de l’eau et divers fruits. Les femmes sortirent de leurs maisons, et vinrent familièrement s’asseoir avec les étrangers. Elles étaient fort belles, et ne paraissaient pas farouches.