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Thomas Cavendish, encouragé par la réputation de Drake, partit de Plymouth le 22 juillet 1586, avec trois vaisseaux qui le firent arriver le 17 décembre au port Désiré, sur la côte des Patagons.

Le 6 janvier 1587, il entra dans le détroit. Le 7, il prit sur le rivage un misérable Espagnol, nommé Hernando, qui restait seul des quatre cents hommes de la même nation laissés en ce lieu par Sarmiento pour y fonder une colonie ; le reste était mort de faim et de misère. Il arriva le 10 à Philippeville, dont les murs subsistaient encore.

Les Espagnols avaient pris soin d’enterrer leur artillerie, et l’on n’en voyait plus que les affûts. Cavendish fit déterrer et transporter à bord toutes les pièces. Philippeville était située sans contredit dans l’endroit le plus avantageux du détroit pour le bois et l’eau ; elle avait une église. On y voyait un gibet auquel un criminel était encore attaché. Il paraissait que les Espagnols y avaient été long-temps réduits à ne vivre que de moules. Cavendish n’y trouva pas d’autres vivres, à l’exception de quelques daims, qui descendaient des montagnes pour se rafraîchir au bord de la rivière. Ces Espagnols s’étaient flattés de se rendre les seuls maîtres du détroit ; mais pendant plus de deux ans qu’ils occupèrent leur ville, ils n’y virent rien croître ni rien prospérer. D’un autre côté ils furent souvent attaqués par les Indiens, jusqu’à ce qu’ayant consommé toutes les pro-