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beauté de ses côtes. Il fit graver sur une lame de cuivre le nom, le portrait et les armes de la reine, son propre nom, l’an et le jour où il était arrivé, et les faveurs qu’il avait reçues de la nation. Cette lame fut clouée sur la face d’un pilier de pierre qu’il fit élever au milieu du fort.

Lorsqu’on eut fait les réparations nécessaires aux vaisseaux, le général observa plus soigneusement le pays, et se fit un amusement de visiter plusieurs habitations des sauvages. Il ne vit presque aucune terre qui ne portât les apparences de quelque mine d’or ou d’argent. Les daims y sont en si grand nombre, qu’on les rencontre par milliers. On trouve de toutes parts une sorte de lapins ou de lièvres. Les sauvages en mangent la chair, qu’ils trouvent de fort bon goût, et font tant de cas de la peau, que la robe de leur roi en était composée.

Le départ de l’escadre le 25 juillet leur causa de vifs regrets ; Drake s’était déterminé à prendre sa route par les Moluques, dans la crainte des dangers qu’il prévoyait par le nord. Il rencontra plusieurs îles jusqu’au 14 novembre, qu’il eut la vue de Ternate, où il obtint du roi toutes sortes de faveurs, et la liberté du commerce. De là, passant par les îles de Célèbes et de Java, il arriva le 18 juin 1580 au cap de Bonne-Espérance, sans avoir eu la vue d’aucune terre, et le 22 juillet à Sierra-Léona. Enfin, le 3 novembre de la même année, c’est-à-dire, trois ans moins douze jours après son départ,