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les Anglais prirent pour un terme de déférence ou pour un titre de dignité. Drake ne fit pas difficulté de recevoir le sceptre et la couronne au nom de la reine d’Angleterre, en souhaitant que toutes les richesses du pays fussent transportées quelque jour à Londres pour la gloire et le bonheur de sa patrie.

Le peuple s’écarta, aussitôt à quelque distance, et parut se livrer à des exercices de religion. Quelques Anglais, poussés par la curiosité, voulurent être témoins de cette nouvelle scène. Ils virent plusieurs troupes de sauvages qui prenaient le plus jeune d’entre eux, et qui, se mettant en cercle autour de lui, jetaient des cris fort tristes, en s’égratignant le visage et se piquant la peau jusqu’au sang. Drake ne put douter qu’ils ne le prissent pour un dieu, lorsqu’il les vit revenir pour lui montrer leurs égratignures et leurs plaies. Il leur fit donner des emplâtres et des onguens, dont ils admirèrent beaucoup la vertu ; et leur folle erreur ne faisant qu’augmenter, ils continuèrent leurs sacrifices de trois en trois jours. Mais les Anglais trouvèrent enfin le moyen de leur faire comprendre que cette extravagance leur déplaisait.

Drake ayant pris possession du pays pour la reine sa maîtresse, lui donna le nom de Nouvelle-Albion, non-seulement parce qu’il se crut le premier qui l’eût découvert, mais parce qu’il lui trouva beaucoup de ressemblance avec l’Angleterre par la verdure et la