Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confiance sur lequel ce prince ou ce seigneur pût hasarder lui-même une visite. Le discours dont ces signes furent accompagnés dura près d’une demi heure. Drake s’efforça de leur faire entendre à son tour qu’il leur voulait toutes sortes de biens. Il leur offrit des présens pour celui qui les avait envoyés. Cette offre, qu’ils acceptèrent de fort bonne grâce, parut leur causer beaucoup de joie. On vit bientôt venir, entre plusieurs sauvages, un homme de fort belle taille et d’un air assez gracieux, qu’on ne put méconnaître pour leur roi. Il marchait gravement, et son cortége poussait autour de lui des cris et des chants. Un officier de bonne mine, qui le précédait de quelques pas, portait une masse ou un sceptre d’où pendaient trois longues chaînes faites d’os ou de corne. Le roi et tous ceux qui environnaient sa personne étaient vêtus de peaux ; les autres étaient nus ; mais ils avaient le visage peint, les uns de blanc, les autres de noir, et quelques-uns de différentes couleurs. Ils avaient avec eux un fort grand nombre d’enfans ; et, sans distinction d’âge, ils portaient tous dans leurs mains quelques présens.

Drake, quoique prévenu en faveur d’une nation si douce, ne voulut pas recevoir sans précaution une troupe dont le nombre l’emportait de beaucoup sur la sienne. Il donna ordre à ses gens de se tenir sous les armes, et de se ranger autour de leurs tentes, dont ils s’était fait comme un petit fort, défendu d’un