Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accéléraient sa marche vers le sud, il prit sa direction vers ce point ; puis, arrivé à la hauteur de la côte du Chili, il fit route à l’est vers le point auquel il voulait aborder. Il y arriva sans aucune difficulté, et après une traversée achevée en bien moins de temps que l’on n’en mettait auparavant en suivant de près la côte. De même, il fut de retour au Pérou bien avant le temps auquel on l’y attendait. On fut surpris de la promptitude de ce voyage. Elle parut si extraordinaire, qu’au lieu de savoir gré à Fernandès de la sagacité qui lui avait indiqué le moyen d’abréger le terme ordinaire des voyages entre le Pérou et le Chili, on l’accusa de magie, et l’on fut sur le point de le traîner au tribunal de l’inquisition et de lui faire son procès comme sorcier.

Dans une de ses traversées, Fernandès eut connaissance, en 1570, des îles qui, depuis cette époque, ont porté son nom ; il obtint du gouvernement espagnol la concession de ce petit archipel ; quelques écrivains prétendent, au contraire, qu’il la demanda inutilement. Quoi qu’il en soit, il essaya d’y former un établissement ; mais, après y avoir séjourné peu de temps, il l’abandonna, en y laissant des chèvres qui s’y multiplièrent tellement qu’elles peuplèrent l’île.

Les îles de Juan Fernandès sont au nombre de trois, à cent dix lieues de distance de la côte du Chili. La plus grande et la plus orientale, nommée par les Espagnols isla mas à