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Elle employa sept jours à remonter l’île de San-Christoval ; et, dirigeant ensuite sa route vers la partie du nord, après avoir éprouvé des contrariétés de temps, et fait quelques découvertes de peu d’importance, manquant de vivres et d’eau, et démâtée d’une partie de ses mâts, elle aborda enfin aux côtes du Pérou, dans le commencement de mars 1568. Elle termina ainsi le voyage le plus mémorable que les Espagnols eussent entrepris depuis la découverte du Nouveau-Monde, et qui donna naissance à tant de fables dont leurs historiens ont entretenu l’Europe pendant un siècle.

En effet, l’opinion que l’on conçut de la richesse de ces îles leur fit donner le nom d’îles de Salomon ; on les nomma aussi les îles de l’Occident par excellence, parce qu’elles sont situées à l’est du Pérou. On présuma qu’elles tenaient à la Nouvelle- Guinée ; on les vanta comme jouissant d’un climat salubre, et comme abondant en productions nécessaires à la subsistance de l’homme ; enfin on supposa que les métaux précieux, objet de toutes les recherches à cette époque, y étaient communs ; cependant, malgré ces préventions favorables pour une nouvelle expédition, Mendaña, qui voulait reconnaître sa découverte, ne put effectuer ce projet aussitôt qu’il le désirait. Le gouvernement était occupé de desseins qui attiraient son attention d’un autre côté.

Les navigateurs modernes ont retrouvé les îles de Salomon, sans se douter que ce fussent