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» Après avoir contourné et doublé l’île par sa partie occidentale, Ortega retrouva les mêmes vents d’est et de sud-est qui lui avaient été si favorables pour parvenir, mais qui devenaient contraires à la route qu’il avait à faire à l’est pour regagner le port où la flotte de Mendaña était ancrée. Voyant l’impossibilité de remonter la côte avec des vents si opposés à sa navigation, il prit le parti de faire embarquer dans un canot neuf soldats, un matelot, et un insulaire qu’il s’était attaché, et de les expédier pour aller rendre compte au général des découvertes qu’ils avaient faites, et des causes qui retardaient leur retour. Le canot côtoya la terre, jusqu’à ce qu’échouant sur un récif, il y fut mis en pièces. Les gens de l’équipage se sauvèrent avec peine. Toute la poudre avait été mouillée ; cet accident les engagea à retourner en arrière pour aller au-devant du brigantin. Ils marchèrent à cet effet toute la nuit, ne quittant pas le rivage, passant de pointe en pointe sur les rochers, et craignant toujours d’être assaillis par les insulaires. Ils rencontrèrent une croix qu’ils avaient plantée dans un endroit où le canot avait abordé : ils firent chrétiennement un acte d’adoration, et ils résolurent d’attendre le brigantin pendant trois jours, et, s’il n’avait pas paru dans cet intervalle, de construire un radeau pour gagner le port où ils devaient retrouver la flotte. Ils étaient plongés dans cette affliction lorsque, à leur grand étonnement, le brigantin se mon-