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On peut remarquer ici une contradiction manifeste dans le récit de l’historien espagnol : quelques lignes plus haut, il dit que les sauvages de Santa-Isabel ne mangeaient pas de viande. Pour l’honneur de l’espèce humaine, tenons-nous-en à son premier mot ; d’ailleurs ce qui suit le confirme, puisqu’il est constant qu’en général les sauvages qui habitent les îles du grand Océan mangent les prisonniers qu’ils font à la guerre, mais non les enfans ; or ceux dont il est question dans cette relation n’avaient pas le barbare usage de dévorer la chair des captifs.

« Ce peuple, continue l’historien, est divisé en tribus qui sont entre elles dans un état de guerre continuelle ; les prisonniers sont condamnés à l’esclavage. »

Mendaña fit dire la première messe qui eût jamais été célébrée sur cette terre. Il y fit construire un brigantin qui fut armé de dix-huit soldats et douze matelots. Le mestre de camp Pedro de Ortega, ayant sous lui Gallego, en prit le commandement, et le bâtiment fut expédié pour aller en découverte.

Ortega fit route au sud-est, suivant la direction de la côte, et à sud il trouva deux petites îles couvertes de palmiers, et qui n’étaient distantes que de six lieues du port de l’Estrella. Il rencontra encore plusieurs autres îles sur la même route. Il vit aussi une grande baie, avec huit pentes îles, toutes habitées par des hommes armés d’épées de bois, d’arcs et de flèches.