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mergés sans ressource. Il revint au Groënland avec deux autres membres de sa congrégation. Ces frères, qui s’étaient embarqués à Copenhague le 11 mai, n’abordèrent que le 5 juillet dans un port du Groënland, à quatre lieues de la colonie ; ce qui prouve, en passant, que la traversée est souvent orageuse. Ils apportèrent à leurs confrères des nouvelles de la Hollande, d’où ils s’étaient rendus en Danemarck. Les frères d’Amsterdam devaient envoyer incessamment à ceux du Groënland un bateau neuf par les vaisseaux destinés à la pêche de la baleine. Les missionnaires allèrent donc à deux reprises voir s’il n’en arrivait aucun, et ce n’était pas sans besoin : ils avaient si souvent radoubé leur vieux bateau, qu’ils ne pouvaient plus s’en servir ; mais ne voyant point le vaisseau, qu’ils attendaient, ils le crurent perdu. Leur crainte était d’autant plus fondée, que la saison avait été des plus fâcheuses, car, même au mois de mai, les boissons s’étaient glacées dans les chambres à poêle, et l’on y avait eu le visage gelé. Les tempêtes avaient été si fréquentes, que le capitaine qui avait apporté aux missionnaires le premier envoi de Hollande avait perdu son vaisseau dans un port situé à cent vingt lieues au sud de la colonie. Heureusement l’équipage se sauva dans deux canots avec quelques provisions, mais il fut obligé d’aller à deux cents lieues au nord chercher un navire allemand.

Le mauvais temps avait commencé dès