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matelots moururent de froid ; enfin, le 25 mai, on entra dans le grand Océan.

« Dans quelques endroits où le détroit est le plus resserré, disent les historiens de ce voyage, les montagnes sont si hautes de chaque côté, qu’elles paraissent toucher le ciel. Le froid est extrême dans ces endroits, où le soleil ne pénètre que rarement. La neige, à force de vieillir, y est devenue bleue. Cependant on y trouve de beaux arbres résineux, de bonne eau, de bons poissons, et d’excellens ports. Les marées des deux mers y remontent à soixante-dix lieues en venant de l’est, à trente lieues en venant de l’ouest ; vers le milieu du détroit, dont la longueur est de cent lieues, le flux et le reflux sont très-forts. »

Vers les 46° sud, un coup de vent sépara les vaisseaux. Quelques-uns ne se revirent jamais. Épuisé par le chagrin et la fatigue, Loaysa mourut le 31 juillet ; Sébastien del Caño, qui prit le commandement après lui, ne lui survécut que quatre jours ; il expira le 4 août. Il eut pour successeur Alphonse de Salazar. Le 13 septembre, on découvrit l’île Saint-Barthélémy, par 14° de latitude nord, 15° 42′ nord, 164° 53′ est. Vainement Salazar y voulut mouiller, on ne trouva point de fond à cent brasses ; il fallut continuer à naviguer jusqu’aux îles Ladrones. En abordant à celle de Rota ou Saypan, les Espagnols virent venir à eux, dans un canot, un homme qui leur cria dans leur langue : Je suis Galicien, natif de Vigo ; je me