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bes dans des feuilles, et l’enferment dans des étuis de roseau. Cette mode nous fit beaucoup rire. En un mot, ce sont les hommes les plus laids que nous ayons rencontrés pendant tout notre voyage.

» Ils ont des sacs faits de feuilles d’arbre dans lesquels ils enferment leur manger et leur boisson. Leurs arcs, ainsi que leurs flèches, sont faits de roseaux. Aussitôt que leurs femmes nous aperçurent, elles s’avancèrent vers nous l’arc à la main, dans une attitude menaçante ; mais nous ne leur eûmes pas plus tôt fait quelques petits présens, que nous devînmes leurs bons amis.

» Nous passâmes quinze jours dans cette île pour radouber les flancs de notre vaisseau qui avait beaucoup souffert. Nous y trouvâmes des chèvres, des poules, du poisson, des cocos, de la cire et du poivre. Pour une livre de vieux fer, on nous donnait quinze livres de cire.

» Il y a deux espèces de poivre, le long et le rond. Les fruits du poivre long ressemblent aux fleurs en grappe du noisetier. La plante a l’aspect du lierre, et s’attache de la même manière contre les troncs des arbres ; les feuilles sont pareilles à celles du mûrier. Ce poivre s’appelle louli. Le poivre rond croît de la même manière, mais ses fruits sont en épis comme ceux du millet ; on les égrène de même ; ce poivre se nomme lada. Les champs sont couverts de poivriers dont on forme des berceaux. »