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des rouges appelés nori, qu’on trouve dans les Moluques. Ceux-ci sont les plus recherchés, non-seulement par la beauté de leur plumage, mais aussi parce qu’ils prononcent plus distinctement que les autres les mots qu’on leur apprend. Un de ces perroquets se vend un bahar de clous de girofle.

La Trinité, après s’être radoubée à Tidor, en partit le 16 avril 1522, laissant dans cette île une partie de sa cargaison, et cinq Castillans, tant pour garder les marchandises que pour former une espèce de comptoir qui pût aider les premiers navires que l’on s’attendait à voir arriver d’Espagne aux Moluques. Parvenu dans la haute mer, Espinosa voulut faire route à l’est pour gagner l’Amérique, mais les vents contraires le forcèrent à remonter jusqu’à 27° de latitude nord, où il vit une île peuplée de sauvages. Il en prit un, et s’éleva ensuite jusqu’à 42°, où une tempête affreuse brisa son grand mât. Fatigué de tenir la mer depuis quatre mois, il chercha un refuge dans une île voisine de celle où il avait abordé précédemment. La plus grande partie de l’équipage était malade ; il mit à terre l’Indien qu’il avait pris, et qui revint avec deux autres chargés de cannes à sucre et d’autres rafraîchissemens. Quatre matelots espagnols se sauvèrent à terre. Espinosa, reconhaissant l’impossibilité de poursuivre sa route à l’est, reprit celle des Moluques dont il était éloigné de trois cents lieues. Durant la traversée, qui fut d’un