Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Un des rois maures de Giaïlolo vint à notre bord : nous lui fîmes des présens qui lui plurent beaucoup. Il nous dit fort gracieusement que, puisque nous étions les amis du roi de Tidor, nous devions aussi être les siens, puisqu’il aimait ce roi comme son propre fils. Il nous invita à l’aller voir dans son pays, en nous assurant qu’il nous y ferait rendre de grands honneurs. Il est très-puissant et fort respecté dans toutes les îles des environs.

» En m’informant des usages de Tidor, j’appris que, le roi peut avoir pour son plaisir autant de femmes qu’il le trouve bon ; mais une seule est réputée son épouse, et toutes les autres ne sont que ses esclaves. Il avait hors de la ville une grande maison où logeaient deux cents de ses femmes les plus jolies, avec un pareil nombre d’autres destinées à les servir. Le roi mange toujours seul, ou avec son épouse, sur une espèce d’estrade élevée, d’où il voit toutes ses femmes assises autour de lui ; et après avoir dîné, il choisit la compagne de sa couche pour la nuit suivante. Lorsque le roi a fini son repas, ses femmes mangent toutes ensemble, s’il y consent ; sinon, chacune va dîner en particulier dans sa chambre. Personne ne peut voir les femmes du roi sans une permission expresse de sa part ; et si quelque imprudent osait approcher de leur habitation, soit de jour, soit de nuit, il serait tué sur-le-champ. Pour garnir de femmes le sérail du roi, chaque famille est obligée de lui fournir une ou deux