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atrocités avaient été massacrés, et la caravelle était retournée à Malacca, laissant les deux autres bâtimens avec leur cargaison de girofle et diverses marchandises.

Ces détails furent communiqués aux Espagnols par Pierre-Alphonse Lorosa, Portugais, venu aux Indes depuis seize ans, dont il en avait passé dix aux Moluques. Il y était arrivé avec les premiers Portugais qui s’y établirent ; mais cette nation gardait le plus profond silence sur cette découverte. Ce Lorosa, cédant aux instances des Espagnols, se rendit à leur bord avec sa femme et tous ses effets pour retourner en Europe avec eux.

Pigafetta donne sur les Moluques différens détails que nous allons offrir à nos lecteurs, parce qu’il est curieux de les comparer avec ceux qui nous ont été transmis par d’autres voyageurs arrivés plus tard dans cet archipel lointain.

« Les îles où croissent les girofliers sont au nombre de cinq : Ternate, Tidor, Motir, Machian et Bachian ; Ternate est la principale. Le dernier roi dominait presque entièrement sur les quatre autres. Tidor, où nous étions, a son roi particulier ; Motir et Machian n’en ont point. Leur gouvernement est populaire ; et lorsque les rois de Ternate et de Tidor sont en guerre entre eux, ces deux républiques démocratiques fournissent des combattans aux deux partis. Bachian a son roi.

» Il n’y avait pas plus de cinquante ans que