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par la crainte d’une trahison de ma part, et toute ma vie j’aurai le nom d’un traître. » Alors il fit apporter le Coran, le baisa dévotement et le porta plusieurs fois sur sa tête en prononçant des prières ; puis il jura par Dieu et par ce livre sacré qu’il serait toujours ami fidèle du roi d’Espagne. Le commerce s’établit librement entre les insulaires et les Espagnols, et ceux-ci achetèrent autant de clous de girofle qu’ils voulurent. On leur en apportait de toutes parts, car le roi envoyait des présens à ses voisins pour qu’ils en fournissent aux Espagnols, et allait lui-même les y engager.

Les Espagnols apprirent que, huit mois avant leur arrivée à Tidor, François Serrano, l’ami et le parent de Magellan, et celui qui lui avait suggéré l’idée d’entreprendre son voyage, était mort à Ternate. Ils apprirent aussi que le roi de Portugal avait fait partir d’Europe une flotte pour intercepter les vaisseaux de Magellan à leur entrée dans la mer des Indes ; que, sachant ensuite que ce navigateur était allé aux Moluques par l’ouest, il avait ordonné à son gouverneur-général dans les Indes d’envoyer six vaisseaux contre lui ; mais que des événemens avaient forcé de les expédier d’un autre côté ; enfin que toutes les tentatives essayées par les Portugais contre les Espagnols dans les Moluques avaient échoué. Deux de leurs jonques et une caravelle étaient venues peu de temps auparavant à Bachian ; les équipages des deux jonques ayant commis des