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tout ce qu’ils croyaient lui être agréable. Les Indiens qu’ils avaient pris dans les jonques dont ils s’étaient emparés trouvèrent moyen de parler au roi ; il s’intéressa en leur faveur, et pria Espinosa de les lui donner pour qu’il pût les renvoyer chez eux, ce qui rendrait le nom espagnol cher et respectable à tous ces peuples. On lui remit les trois femmes et tous les hommes, à l’exception de ceux de Bornéo. Quelques jours après, les Espagnols ayant refusé d’aller à terre prendre part à un grand festin qu’il voulait leur donner, parce que le souvenir de la catastrophe de Zebu leur faisait soupçonner une trahison, il vint à bord sur leur demande, sans la moindre défiance. Ils avaient prétexté que, voulant partir au plus tôt, ils le priaient de les excuser, et cependant l’attendaient pour lui remettre les esclaves qu’ils lui avaient promis. Il leur dit que, lorsqu’il était chez eux, il se regardait comme dans sa propre maison ; qu’ils les priait de ne pas hâter leur départ, attendu que la saison n’était pas encore bien favorable, et qu’ils pourraient rencontrer des bâtimens de leurs ennemis les Portugais. « Si vous partez, ajouta-t-il, sans me laisser le temps de préparer pour votre roi des présens dignes de lui, tous les rois mes voisins diront que je suis un ingrat d’avoir reçu des présens de la part d’un si grand prince que le roi de Castille sans lui rien envoyer en retour ; ils diront aussi que vous ne partez ainsi à la hâte que