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Les Espagnols s’étaient emparés d’un bignadai, espèce de barque qui ressemble à une pirogue. Il s’y trouvait un frère du roi de Mindanao, qui assura qu’il savait très-bien la route des Moluques ; sur son rapport, ils changèrent de direction, mirent le cap au sud-est, et rencontrèrent diverses îles, entre autres Sarangani (Sirangan), où, le 28 d’octobre, ils prirent par force deux pilotes pour les conduire aux Moluques. Selon l’avis de ces nouveaux guides, ils coururent au sud-ouest, et passèrent au milieu de huit îles en partie habitées, et en partie désertes, qui forment une espèce de rue, au bout de laquelle ils se trouvèrent vis-à-vis d’une île assez belle et fort grande, nommée Kanghir. Comme le vent contraire les obligeait de louvoyer pour en doubler la pointe septentrionale, les prisonniers qu’ils avaient faits à Sirangan se sauvèrent à la nage avec le frère du roi de Mindanao.

Ils passèrent devant un grand nombre d’îles, en continuant à suivre la direction du sud-ouest, et le 6 novembre, ils en reconnurent quatre assez hautes à quatorze lieues dans l’est. Le pilote qu’ils avaient pris à Sirangan leur dit que c’étaient les Moluques. « Nous rendîmes alors grâce à Dieu, ajoute Pigafetta, et en réjouissance nous fîmes une décharge de toute notre artillerie ; on ne sera pas étonné de la grande joie que nous éprouvâmes à la vue de ces îles, quand on considérera qu’il y avait vingt-sept mois moins deux jours que nous cou-