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deux couteaux pour récompense à chacun des sept hommes. »

On apporta aux Espagnols, de la part du roi, un souper copieux : ils dormirent veillés par deux insulaires ; le lendemain ils retournèrent à bord.

« La ville est bâtie dans la mer même, excepté la maison du roi et de quelques-uns des principaux chefs. Elle contient vingt-cinq mille feux. Les maisons sont construites en bois, et portées sur de grosses poutres pour les garantir de l’inondation ; lorsque la marée monte, les femmes qui vendent les denrées comestibles traversent la ville dans des barques. Devant la maison du roi s’élève une grande muraille bâtie de grosses briques, avec des barbacanes comme une forteresse, et munie de cinquante-six bombardes de bronze et six de fer. On en tira plusieurs coups, dit Pigafetta, pendant les deux jours que nous passâmes dans la ville.

» Le roi, qui est Maure, se nomme Raja Siripada. Il est fort replet, et peut avoir environ quarante ans. Il n’est servi que par des femmes, qui sont les filles des principaux habitans de l’île. Personne ne peut lui parler que par le moyen d’une sarbacane, comme nous avons été obligés de le faire. Il a dix secrétaires occupés à écrire ce qui le concerne sur des écorces d’arbre très-minces, qu’on nomme chirisoles. Il ne sort jamais de son palais que pour aller à la chasse. »