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Herréra dit que le roi de Zebu, voyant Magellan mort, et le péril imminent dans lequel se trouvaient les Castillans, péril dans lequel il serait lui-même enveloppé, résolut de les secourir, et le fit si à propos, qu’ils eurent le temps de se retirer dans leurs vaisseaux, où leurs lamentations commencèrent quand ils se virent sans capitaine, à cause de la grande affection qu’ils lui portaient, et de celle qu’il leur témoignait. Ils avaient, ajoute-t-il, tant d’amour pour lui, qu’ils eussent souffert tous les travaux imaginables pour l’accompagner.

Magellan, quoique d’une taille extrêmement petite, savait prendre un grand ascendant sur les autres hommes ; on a vu sa fermeté dans les périls de toute espèce qu’il surmonta par son audace. Il se comporta dans certaines circonstances avec une rigueur qui tient presque de la férocité ; toutefois il faut convenir qu’il sut se concilier les esprits, puisque, dans une occasion critique, son propre équipage et une partie de ceux des autres vaisseaux se déclarèrent pour lui et soutinrent son autorité.

Le roi de Zebu, du consentement des Espagnols, envoya dire aux habitans de Matan que, s’ils voulaient rendre les corps des soldats tués, et particulièrement celui du capitaine général, on leur donnerait la quantité de marchandise qu’ils pourraient demander ; mais ils répondirent que rien ne pourrait les engager à se défaire du corps d’un homme tel que Magellan, et qu’ils voulaient le garder comme un