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chef, qui ne voulait pas reconnaître l’autorité du roi d’Espagne ; enfin il lui demandait du secours pour attaquer son ennemi. Magellan envoya dire à l’autre roi qu’il brûlerait ses villages, s’il ne payait pas le tribut. « Qu’il vienne, répondit le chef, je l’attends. » Magellan fait aussitôt armer trois barques, y embarque soixante hommes, et se met à leur tête. Serrano lui représente que les vaisseaux sont en mauvais état, qu’une poignée d’hommes pourrait s’en emparer, que cette entreprise est peu utile, mais qu’au moins, s’il veut absolument l’exécuter, il en charge un autre et n’expose pas sa personne. Magellan répond qu’en bon pasteur il ne doit pas abandonner son troupeau.

Le roi de Zebu avait engagé Magellan de renoncer à son dessein, parce qu’il avait été informé que deux autres chefs avaient joint leurs forces à celles du roi de Matan. C’en était assez pour enflammer davantage l’ardeur du capitaine général, avide de dangers où il croyait voir de la gloire. Le roi de Zebu, s’apercevant que sa résolution était inébranlable, voulût l’accompagner avec mille hommes, et les principaux de son île, qui le suivirent dans trente balangais.

On attérit à Matan à deux heures du matin. Le roi de Zebu engage Magellan de ne pas attaquer avant le jour, parce qu’il savait bien que les insulaires avaient creusé entre le rivage et leurs maisons des fossés profonds garnis de pieux pointus où ses gens périraient. Il le prie de lui laisser commencer le combat avec ses