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ses cris faisait peur aux chiens, qui se mettaient tous à hurler, et ne cessaient qu’à l’aube du jour. Nous fûmes témoins de ce phénomène, dont on ne voulut jamais nous dire la cause.

» Ces îles abondent en provisions. Outre les animaux que j’ai déjà nommés, on y trouve des chiens et des chats, qu’on mange également ; il y croît du riz, du millet, et d’autres grains, des oranges, des citrons, des cannes à sucre, des cocotiers, des citrouilles, de l’ail, du gingembre ; on y récolte du miel ; on y fait du vin de palmier ; l’or y est commun. Lorsqu’un des nôtres allait à terre, soit de jour, soit de nuit, il trouvait toujours des Indiens qui l’invitaient à manger et à boire. Ils ne donnent à tous leurs mets qu’une demi-cuisson, et les salent extrêmement, ce qui les porte à boire beaucoup : c’est avec des tuyaux qu’ils hument le vin contenu dans les vases. Ils passent ordinairement cinq à six heures à table. »

La réception amicale que les Espagnols avaient éprouvée dans cet archipel promettait une issue heureuse à leur expédition. Il en fut autrement. Le courage bouillant de leur chef les précipita dans des difficultés qui lui furent surtout fatales. Près de l’île de Zebu se trouve l’île de Matan, avec un port du même nom. Le 26 avril, un des deux chefs de cette île où Magellan avait déjà brûlé un village, lui envoya un de ses fils avec deux chèvres, en lui faisant dire que, s’il ne lui donnait pas tout ce qu’il lui avait promis, c’était la faute de l’autre