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tues de longues robes blanches, se rendirent à la maison du mort, au milieu de laquelle le cadavre était placé dans une caisse ; on tendit alentour des cordes pour former une espèce d’enceinte. On attacha à ces cordes des branches d’arbres, et au milieu de ces branches on suspendit des draps de coton en forme de pavillons. Les femmes, suivies chacune d’une domestique qui la rafraîchissait avec un éventail de feuille de palmier, s’assirent sous ces pavillons. D’autres femmes, l’air triste, étaient assises autour de la chambre. L’une d’elles coupa avec un couteau les cheveux du défunt. Une autre, qui avait été sa femme principale, s’étendit sur lui, et appliqua toutes les parties de son corps contre le sien. Tandis que la première coupait les cheveux, celle-ci pleurait ; elle chantait quand la première s’arrêtait. Tout autour de la chambre étaient placés des vases de porcelaine remplis de feu, où l’on jetait par intervalle de la myrrhe, du storax et du benjoin, ce qui répandait une odeur fort agréable. Ces cérémonies continuent cinq à six jours, pendant lesquels le mort reste dans la maison. Je croîs que l’on a soin de l’embaumer avec du camphre pour le préserver de la putréfaction. Enfin on ferme la caisse avec des chevilles de bois, et on la porte au cimetière, qui est un endroit clos et couvert de planches.

» On nous assura que toutes les nuits un oiseau noir de la grosseur d’un corbeau venait à minuit se percher sur les maisons, et par