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Les temples furent abattus et les idoles brûlées.

« Les idoles de ce pays, ajoute Pigafetta, sont de bois, creuses par-derrière ; elles ont les bras et les jambes écartés, et les pieds tournés en haut ; leur face est large ; il leur sort de la bouche quatre grosses dents semblables à des défenses de sanglier : elles sont généralement peintes. Une des plus singulières cérémonies de ces insulaires est la bénédiction du cochon. On commence la cérémonie par battre quatre grandes timbales ; on apporte ensuite trois grands plats, deux chargés de poisson rôti, de gâteaux de riz, et de millet cuit, enveloppés dans des feuilles ; sur le troisième sont des linceuls de toile de Cambaie, et deux bandes de toile de palmier. Deux vieilles femmes, dont chacune tient à la main une grande trompette de roseau, se placent sur un des linceuls que l’on a étendus à terre, saluent le soleil, et s’enveloppent des autres toiles. La première de ces deux vieilles se couvre la tête d’un mouchoir, et le lie sur son front de manière à y former deux cornes ; et, prenant un autre mouchoir à la main, elle danse et sonne en même temps de la trompette, en invoquant de temps en temps le soleil. L’autre vieille prend une des bandes de toile de palmier, danse et sonne également de la trompette, et, se tournant vers le soleil, lui adresse quelques mots. La première saisit alors l’autre bande de toile de palmier, jette le mouchoir qu’elle tenait à la main, et toutes deux dansent long-temps autour du cochon lié et