Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

firent une décharge de toute l’artillerie, ce qui ne laissa pas d’épouvanter les insulaires. Le capitaine et le roi s’embrassèrent. Nous montâmes sur l’échafaud, où il y avait pour eux deux chaises de velours vert et bleu. Les chefs des insulaires s’assirent sur des coussins, et les autres sur des nattes.

» Le capitaine fit dire au roi que, parmi les autres avantages dont il jouirait en devenant chrétien, il aurait celui de vaincre plus facilement ses ennemis. Le roi répliqua que, même sans cette raison, il était content de se faire chrétien, mais qu’il aurait désiré de pouvoir se faire respecter de certains chefs de l’île qui refusaient de lui être soumis, en disant qu’ils valaient autant que lui et ne voulaient pas lui obéir. Le capitaine fit appeler ces chefs, et chargea les interprètes de leur dire que, s’ils n’obéissaient pas au roi comme à leur souverain, il les ferait tous tuer, et donnerait leurs biens au roi. À cette menace, tous les chefs promirent de reconnaître l’autorité du roi.

» Le capitaine assura le roi qu’il reviendrait dans ce pays avec des forces beaucoup plus considérables, et qu’il le rendrait le plus puissant monarque de toutes ces îles, récompense qu’il croyait lui être due, comme ayant le premier embrassé la religion chrétienne. Le roi leva les mains au ciel, remercia le capitaine, et le pria instamment de laisser chez lui des personnes pour l’instruire dans la religion chrétienne, ce que le capitaine promit de faire,