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à leur manière : l’une battait un tambour pareil aux nôtres, mais posé à terre ; l’autre avait auprès d’elle deux timbales, et dans chaque main une espèce de petite massue, garnie à l’extrémité de toile de palmier, dont elle frappait tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre ; la troisième battait de même une grande timbale la quatrième jouait de deux petites cymbales, qui rendaient un son fort doux. Elles se tenaient toutes si bien en mesure, qu’on devait leur supposer une grande intelligence de la musique. Ces cymbales, qui sont de cuivre, se fabriquent dans le pays de Sign Magno (la Chine), et leur tiennent lieu de cloches : on les appelle ogon. Ces insulaires ont aussi une espèce de violon dont les cordes sont de cuivre, et une musette qu’ils nomment sabin.

» Ces jeunes filles étaient fort jolies, et presque aussi blanches que nos Européennes ; et, quoiqu’elles fussent déjà formées, elles n’en étaient pas moins nues : quelques-unes avaient cependant un morceau de toile d’écorce d'arbre qui leur descendait depuis la ceinture jusqu’aux genoux. Le bout de leurs oreilles était percé d’un trou fort grand, qu’un cercle de bois maintenait ouvert, et élargissait toujours davantage. Elles avaient les cheveux noirs et longs, et la tête ceinte d’un petit voile. Elles ne portent jamais ni souliers ni aucune autre chaussure. Nous fîmes la collation chez le prince, puis nous retournâmes à nos vaisseaux.

» Un de nos gens étant mort pendant la